Exposition flash – Genèse de Christiane Lemez
DU SAMEDI 7 DÉCEMBRE 2024 AU SAMEDI 4 JANVIER 2025 EXPOSITION FLASH DANS LE CADRE DU FESTIVAL DE LA BEAUTÉ…
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DU JEUDI 16 FÉVRIER AU SAMEDI 25 MARS 2023
EXPOSITION
VERNISSAGE LE JEUDI 16 FÉVRIER À 18H30
NOCTURNE JEUDI 2 MARS JUSQU’À 21H
OUVERT DU MARDI AU SAMEDI DE 12H À 18H30
GRATUIT
Depuis plusieurs années, le Passage Sainte-Croix explore régulièrement le vivier des artistes originaires de la région ouest. Il y rencontre parfois des « pépites » méconnues, tel Jean Mingam, peintre et sculpteur breton, qu’il est heureux de présenter, en cette saison « ombres et lumières », pour la période précédant Pâques.
Jean Mingam, « homme tourmenté et espérant », selon son ami le poète Xavier Grall, est né en 1927 à Ploudiry dans le Finistère, pays de vie rude, indissolublement liée à la terre nourricière. Dixième des douze enfants du boulanger du bourg, il se forme à la sculpture à l’école des Beaux-Arts de Rennes puis entame une vie d’artiste sans concession, dans une quête passionnée de vérité, de beauté et de sacré. Elle le conduira du Finistère jusqu’à Nantes, où il travaille pendant 18 ans, avant de mourir en 1987 dans son atelier du Bouffay, à deux pas du Passage Sainte-Croix.
Le pays breton, ses villages, ses églises, ses monastères conservent mille et une traces du passage du Mingam sculpteur. Mais il fut aussi un peintre prolifique. Ouvert aux grands courants de la peinture moderne, entre figuration et abstraction, Jean Mingam laisse une œuvre riche d’humanité et de spiritualité, que cette exposition se propose de mettre en lumière.
Exposition réalisée par le Passage Sainte-Croix avec le soutien des pépinières Grandiflora
Comment avez-vous connu l’œuvre de Jean Mingam ?
J’ai découvert son travail avec le projet d’exposition au Passage Sainte-Croix dont la directrice, Clothilde Gautier-Courtaugis, m’a fait part. J’ai reconnu dans ses œuvres une esthétique, des préoccupations et une pratique de l’art communes aux artistes de la Nouvelle école de Paris, domaine dans lequel je suis spécialisée. On retrouve en peinture le même travail de la synthèse entre l’héritage cubiste et le travail de la couleur fauve.
Pourquoi Jean Mingam s’est-il orienté avant tout vers la sculpture ?
Fils de boulanger et dans sa jeunesse, fossoyeur, apprenti ébéniste, garçon de courses, manutentionnaire, livreur en charrette, Jean Mingam entretient un rapport particulier au travail manuel et à la matière. Je crois que c’est ce rapport qui l’a amené à se tourner en premier vers la sculpture plutôt que vers la peinture. Son parcours de sculpteur est également marqué par sa rencontre avec Francis Pellerin, qui fut son enseignant pendant sa formation aux Beaux-arts de Rennes (1946-1950).
La sculpture influence toute son œuvre. Que ce soit en peinture par une technique de découpes et de tailles dans la toile ou encore en poésie. Jean Mingam pratique la poésie comme il pratique la sculpture. Il se sert des mots comme d’une matière, avec un style très direct. Il écrit des textes qui prennent une forme particulière et emploie un vocabulaire qui renvoie à la sculpture et à la peinture avec les notions d’ombre, de lumière et de masses.
La foi tient une place particulièrement importante dans l’œuvre de Mingam. Quel rapport entretient-il à la spiritualité ?
Jean Mingam est profondément croyant. Sa foi va évoluer tout au long de sa vie et il va finir par se détacher de l’Église en tant qu’institution. Ce détachement se produit lorsqu’il rencontre le poète breton Xavier Grall, qui lui-même prend une forme de distance avec l’Église. Au fil du temps, les thèmes de Jean Mingam se transforment, se laïcisent mais gardent un discours universel.
En quoi le travail de Jean Mingam est fait d’ombre et de lumière ?
Il y a un vrai travail des masses qui jouent avec l’ombre et la lumière chez Jean Mingam. Il emploie la pratique de la tranche, de la découpe en sculpture comme en peinture qui permet d’accéder à cette ombre et à cette lumière, en créant des volumes assez nets. C’est très franc chez lui, notamment par de grands aplats de matières vides qui laissent passer la lumière.
Cette part d’ombre et de lumière se retrouve dans ses séries de portraits et de visages, et en particulier ses Christ : portraits colorés, joyeux, vivants aux expressions parfois angoissées, inquiètes. Comme en écho à la personnalité de l’artiste, être très sociable dévoré par ses propres démons.
Jean Mingam est-il influencé par les artistes de son époque ?
Mingam est un artiste inclassable, il a une indépendance qui lui est propre. Même si inévitablement certaines de ses pièces très colorées et géométriques peuvent être qualifiées de cubistes, font penser à Delaunay ou renvoient à des artistes comme André Lothe ou encore Jacques Villon, ces peintres de l’école de Paris qui cherchaient à faire la synthèse entre la forme, le trait et la couleur, l’émotion et le sentiment.
L’œuvre de Jean Mingam lui est personnelle. Elle est passionnante et fascinante par ce travail de synthèse qu’a réussi a faire l’artiste entre ce qu’il a pu voir et le regard qu’il a su éduquer.
Pourquoi « son nom [n’]a [pas] figuré parmi les plus grands », comme l’avait prédit Adolphe Beaufrère ?
C’est une question difficile à laquelle nous essayons de répondre avec Vincent Rousseau, ex-conservateur au musée d’Arts de Nantes et ami de Jean Mingam. Ce dernier en parle comme d’une « queue de comète ». En effet, Jean Mingam s’inscrit dans les années 50 avec la recherche plastique d’abstraction-figuration mais sa pratique artistique ne va pas évoluer vers une abstraction radicale, comme ont pu le faire d’autres artistes de l’époque, ou vers des solutions plastiques plus tranchées comme le pop art. Il reste attaché à une vision plus spirituelle de l’art, moins matérialiste qu’à cette époque-là, avec l’apparition des nouveaux réalistes notamment, qui font entrer l’objet dans l’art.
Par ailleurs, Jean Mingam est quelqu’un d’assez solitaire. Il travaille seul et son réseau est assez restreint. Bien sûr, il a ses partisans et ses collectionneurs mais il n’a pas de galeriste attitré qui lui permet de faire connaître son œuvre.
Qu’est ce qui vous touche en particulier dans l’œuvre de Jean Mingam ?
Il y a chez cet artiste quelque chose de l’ordre de l’inachevé qui se traduit par des espaces laissés vides, des transparences. « L’œuvre, c’est ni point de départ, ni d’arrivée. L’espoir et le cœur font le même chemin », disait-il. On est donc dans une esthétique d’inachevé qui lui permet de mettre l’œuvre en dialogue avec le spectateur. Il donne à ce dernier les éléments nécessaires pour enclencher son imagination et le dialogue avec l’œuvre.
Jean Mingam conçoit l’œuvre comme un dispositif de médiation entre lui et quelque chose de plus grand que lui, entre lui artiste et nous spectateurs qui regardons. L’œuvre est un trait d’union.
Propos recueillis par Clémence Véran.
DU SAMEDI 7 DÉCEMBRE 2024 AU SAMEDI 4 JANVIER 2025 EXPOSITION FLASH DANS LE CADRE DU FESTIVAL DE LA BEAUTÉ…
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